La lune, il y a ceux qui la regardent en rêvant et ceux qui la dépassent pour voir plus loin encore. Caroline Corbasson est de cette deuxième catégorie. Lorsqu’on rencontre cette jeune artiste (née en 1989), on sait rapidement qu’elle a tout d’une astronome, voire d’une astronaute. Fascinée par les espaces où les repères ont disparu, elle s’intéresse aux étoiles, aux trous noirs, aux cratères, à ces immensités qui fascinent autant qu’elles effraient. Et réussit la prouesse de nous transmettre la sensation d’infini qu’elles procurent.
Les œuvres de Caroline Corbasson se regardent comme un paysage : on peut les parcourir de long en large ou observer depuis un point fixe leur rythme semblable à celui d’un ciel étoilé. Qu’elles soient images planes ou sculptures, elles sont toujours un voyage dans l’espace, un aller-retour entre l’intime et un ailleurs immense. Dans la série de photographies Sending Signals to Vast Emptiness and Waiting for a Reaction, on voit l’artiste tenant dans un endroit désolé un petit miroir des années 1940, conçu pour transformer la lumière du soleil en un signal de détresse. Au-delà de l’aspect esthétique de l’image, cette réactivation de l’usage initial de l’objet se charge d’une symbolique. Porté par cette jeune femme qui n’est pas du tout perdue, il renvoie à une sensation intime dont chacun a déjà pu faire l’expérience.
Très attachée au papier, Caroline Corbasson s’est peu à peu attelée à la sculpture. Si les médiums restent souvent aussi bruts qu’un fusain, ses œuvres sont passées dans une nouvelle dimension. Fin 2014, elle participait à Paris, avec les autres Félicités des Beaux-Arts, à l’exposition « Possibles d’un monde fragmenté ». On pouvait notamment y voir SEESAW, bateau d’acier tracé dans l’espace sur 5 mètres de long et 2 de large. Un nouvel appel au voyage et à l’évasion de l’imaginaire.
Video Portrait of Artist Caroline Corbasson from Antoine Blanchet on Vimeo.