La jeunesse peut-elle être éternelle ? Le Salon de Montrouge affiche en tout cas un record en la matière. « Jeune depuis 60 ans », titre le Journal du Salon pour fêter les 6 décennies de celui qui réunit chaque année des artistes émergents dans la banlieue sud de Paris. L’institution rajeunit même à vue d’œil, au fur et à mesure que les dates de naissance de ses participants se rapprochent de l’an 2000.
Le principe instauré depuis six ans par Stéphane Corréard suit son cours : les artistes proposent un projet qui est examiné par un « collège critique » composé de personnalités de divers horizons. Les sélectionnés sont ensuite accompagnés par des professionnels pour être exposés au Salon, lors duquel un jury désigne les lauréats du prix. Si tous ne s’envolent pas immédiatement au firmament des stars de l’art contemporain, les récentes réussites de Julien Salaud ou Théo Mercier suffisent à asseoir le prestige de l’institution.
Pour cette édition un peu particulière, le Salon a invité un de ses poulains dont la carrière est devenue internationale, Jean-Michel Alberola, à présenter une exposition. Sur les parois de l’ascenseur central, 55 participants de ces dernières années y sont quant à eux allés de leur petite contribution.
- « Roll on Roll off », 2015 © Marion Bénard
- « Wendel », 2015 © Julie Luzoir
- © Julie Luzoir
- « La file d’attente », 2012-2015 © Julie Luzoir
Concentrée au rez-de-chaussée, l’exposition des participants étale sa diversité. Tous médiums et thèmes confondus, chacun a aménagé son espace dans un ensemble designé par matali crasset. Certains s’attaquent avec justesse à la société actuelle, comme Caroline Trucco ou Irène Billard, qui transforme un abribus en tapis de verre pailleté. D’autres vous ouvrent les portes de leur monde, que ce soit celui étrange et hybride de Marion Bénard ou l’étonnant mélange de références à l’histoire de l’art de Raphaël Barontini. Au détour d’une cimaise, la poétique File d’attente de Julie Luzoir se déploie en accordéon, l’artiste prolongeant à l’encre la foule depuis 3 ans. Chaque stand comporte souvent plusieurs œuvres, accompagnées d’un long texte explicatif. Une manière agréable pour le visiteur d’entrer dans des univers parfois déjà très développés.
Si tous les supports sont utilisés, parfois même mélangés, comme dans les mystérieuses photos-vidéos de Benjamin Renoux, la peinture est cette année très présente. Abstraite, figurative, fantasmagorique, criarde ou presque évanescente, elle est utilisée de multiples manières. Les jeunes artistes reflètent en cela une tendance de plus en plus marquée chez leurs aînés. Écartée pendant un moment des galeries les plus branchées, la peinture a su se réinventer et ouvrir de nouveaux terrains de création. Autant de sources d’inspiration pour les générations suivantes ?
- © Raphaël Barontini
- © Benjamin Renoux
- « Nunus 49 », 2015 © Caroline Ébin
- © Caroline Ébin
- « Persistent dream » 2013-2015 © Filip Mirazovic